le 07/01/2011 - JP BOCQUET
Au fil des jours…


 
     Vendredi 7 janvier 2011. L’image du jour de la Voix du Nord fait référence à la fête de la naissance du Christ par les chrétiens orthodoxes alors que les catholiques ont fêté Noël le 25 décembre. Querelles byzantines de dates sans doute mais que les vicissitudes des imperfections calendaires successives peuvent expliquer en partie.
    Demeure le problème de l’emploi de la majuscule. Faut-il écrire Noël ou noël ? Le dictionnaire nous apprend avec sagacité que chaque fois que le nom désigne la fête elle-même, il prend la majuscule. Ainsi, le sapin, la bûche, la crèche, la messe, etc. sont de Noël. Les cadeaux aussi. Tout comme le Bonhomme ou le Père Noël en question. Dans un grand souci de parité entre les sexes, on dit d’ailleurs indifféremment le ou la Noël. Quand le nom désigne au contraire ce qui accompagne la fête chrétienne ou les festivités profanes, il ne prend que la minuscule. C’est ainsi qu’à Noël, après avoir chanté des noëls à la messe de Noël (dite messe de minuit mais parfois anticipée à 17 heures), je sacrifie peut-être au réveillon de Noël, déposant mes chaussons devant le radiateur dans l’espoir que le Père Noël – véritable artisan chauffagiste – passera par la chaudière à condensation, remontera les tuyauteries avant d’émaner de la vanne thermostatique pour déposer subrepticement mon noël.
    Il en va de même pour les hommes. Quand le nom désigne un peuple ou une ethnie, il prend la majuscule. Quand il ne désigne qu’une appartenance religieuse ou autre – professée ou pas – il se contente de la minuscule. Il y a donc Juif et juif et, à s’en tenir à l’étymologie, tous les Égyptiens sont Coptes même si, religieusement parlant, tous les Égyptiens ne sont pas coptes et réciproquement.
 Quant aux catholiques, protestants, musulmans, hindouistes, bouddhistes, agnostiques, athées, libres penseurs de tous acabits et penseurs libres, l’humilité de mise dans les messages que véhiculent leurs confessions ou leurs morales les cantonne à la minuscule. C’est là un principe de stricte égalité.
    Je pose cependant la question à mes compatriotes, ces Français qui ont le bonheur d’être français (la minuscule n’indique pas ici l’appartenance religieuse mais l’emploi adjectival) : accorderont-ils la majuscule à leurs frères humains qui ne possèdent pas comme eux la carte ou le passeport biométriques estampillés ? Faut-il écrire et parler de Migrants ou de migrants ? Traque-t-on des Sans-papier, Sans-papiers, sans-papier ou sans-papiers ? Y a-t-il des Clandestins ou des clandestins ? Il y a surtout des jours où je rêve de République universelle pour pouvoir abolir ce casse-tête grammatical.
    Notre belle langue est pourtant sans tendresse pour notre sale mentalité quand elle en conserve les stigmates dans ses locutions. Je cite pour mémoire celle où en toute bonne conscience, nos ancêtres (les Gaulois ?) assimilaient l’être humain au chrétien quand ils disaient « un temps à ne pas laisser un chrétien dehors ». Mais aujourd’hui, Dieu merci, tout a changé. On ne laisse plus personne dehors, n’est-ce pas ? Suivez mon regard…
   À l’époque du paradis perdu de mon enfance, on moquait dans les cours d’école ceux qui avaient été baptisés par un cochon. Aujourd’hui, dans l’enfer des récréations modernes, les enfants n’ont plus ce type d’insulte à la bouche, même si celles qu’ils profèrent sont aussi cruelles et violentes.
   Je reste cependant persuadé que l’insidieuse éducation à la stigmatisation des autres, à la discrimination raciste est le fait des adultes. L’enfant commence à apprendre par imitation…
    Je forme donc le vœu qu’au nom du droit imprescriptible de chacun à la dignité, nous utilisions la majuscule pour parler de nos Semblables, de nos Sœurs et Frères en Humanité. Et qu’on ne vienne pas m’accuser d’emphase ni d’amphigouri* !
 

* cf. la réponse du ministre de l’Education aux enseignants en date du 6 janvier 2011.


 
 
 
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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
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