le 06/01/2011 - JP BOCQUET |
Au fil des jours…
Jeudi 6 janvier
2011. Le billet d’un prêtre ch’ti dans la presse régionale
de ce jour nous renvoie à l’abomination du fanatisme aveugle, bras
imbécile et sanguinaire d’un terrorisme hyperrationnel et luciférien.
Hyperrationnel
parce qu’il entend programmer tous ses effets dans une conscience absolue
de ce qu’il provoque et de ce qu’il escompte. Luciférien dans la
mesure où l’intelligence, les savoirs et les lumières de
ses « cerveaux » ne visent que la plongée dans les ténèbres,
l’angoisse paralysante, le chaos et le règne de la haine sur la
terre et parmi les hommes.
Quant aux exécutants
que possèdent et galvanisent la fureur de tuer et la croyance en
un salut dans l’ivresse du sang versé, j’ai peine à imaginer
qu’ils ne savent pas ce qu’ils font.
Les vrais aveugles – ceux que la
cécité physique livre à un espace indéterminé
sans distances ni frontières -, sont paraît-il ignorants du
rouge et du noir. C’est du moins Borges qui l’affirme. Nos fanatiques aveugles
au contraire semblent exulter à ces couleurs, se repaître
de mort et de sang et s’en gargariser dans leurs holocaustes. Les lieux,
les dates, les victimes ne sont pas choisis au hasard. C’est tout ce qui
symbolise la paix, l’espérance, l’élévation spirituelle
qui est ainsi nié et profané, bafoué.
À bien
y réfléchir, ce n’est pas le mot copte qui importe, mais
l’être humain –irremplaçable et sacré – qu’est chaque
copte au même titre que chaque être humain. L’étymologie
de copte ou cophte est pourtant révélatrice. Le mot vient
du grec Aiguptios qui signifiait littéralement Égyptien.
Si donc les Coptes ne sont pas d’Égypte, qui le sera ? De toute
façon ils sont tous comme nous sur cette terre et de cette terre,
baptisés du droit sacré d’y vivre dignes et libres le temps
de leur passage. Et ce n’est pas parce que l’aphérèse de
la syllabe initiale (cette amputation phonétique) [ai] a donné
guptios > copte, qu’il faudrait en inférer quelque signe divin,
quelque malédiction ancestrale condamnant les Coptes à se
voir amputés de la vie. Cette magie-là des mots, cette magie
noire, est de sinistre mémoire…
Bien évidemment,
le mot désigne aussi les chrétiens d’Égypte et d’Éthiopie
qui professent le monophysisme, cette doctrine christologique qui ne reconnaît
au Christ qu’une seule nature. Je laisse aux théologiens ou aux
historiens des religions le soin d’examiner cette question. Je revendique
quant à moi mon incompétence en ce domaine.
Croyants et non-croyants, agnostiques,
athées ou libres-penseurs, soyons tous fervents de tous nos semblables,
pétris de faiblesses et d’erreurs comme nous, de tous nos frères
humains, plutôt que d’être des fous de quelque chose.
Et face à
l’immonde logique des tueries, puissions-nous nous souvenir chaque jour
que, comme le rappelait Albert Camus, « notre seul devoir est d’aimer
».
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au fil des jours
Jean-Pierre
BOCQUET
Professeur
de Lettres retraité
Conseiller
municipal
13
allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel:
03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96
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