le 17/03/2009 - JP BOCQUET
Au fil des jours…




Mardi 17 mars. Le grand retour des hypocoristiques. Mais qu’est-ce donc que cette bête-là ? C’est littéralement – et d’après l’étymon grec du mot – une petite bête très affectueuse aussi caressante qu’une jeune fille et qui se colle sur ce que l’on dit pour traduire notre affection. Tantôt la petite bête frétille dans un adjectif ou un diminutif, tantôt elle s’empare de n’importe quel mot, même les plus grossiers, pour les convertir en summum de l’amour.
Ah ! belle-maman : quand tu disais attendrie « ma crotte » à ta petite fifille mignonnette avant qu’elle ne devienne elle-même ma chère et tendre, tu maniais l’hypocoristique sans même le savoir…
Cette passion de l’hypocoristique, notre sémillante Roselyne Bachelot la partage. Et quand elle interdit la vente d’alcool aux mineurs dans les lieux publics, elle n’interdit pas pour autant le petit verre, le petit coup à la maison, la petite bouteille de derrière les fagots, etc.
Un petit apéro a exactement la même contenance qu’un apéro normal (et parfois bien plus) mais la petite bête qui nous caresse si tendrement dans ce "petit" apéro procure en prime la convivialité, le désir, le frémissement de la trogne en attente, le plaisir partagé, le petit bonheur que l’on savoure. Et tout cela dans  « petit », ce mot si simple, qui ne coûte rien mais qui dit tout.
Bientôt, nous pourrons sans scrupules inviter Dédé ou Gégé (hypocoristiques par dédoublement) à boire un petit café qu’on aimera d’autant mieux que son prix aura baissé. Ce sera prétexte à faire un petit tour et à se raconter une petite histoire…
Les Français raffolent de ces petites bêtes… C’est bien pourquoi, s’ils entonnaient naguère « Je cherche après Titine, Titine, Ô ma Titine… » (Christine ? Martine ? Valentine ?), ils entonneront désormais « C’est louloute finale… ». Présentée sous un jour aussi sympathique, la révolution à ses chances.
En attendant, quand il faut se débrouiller avec des petits boulots pour survivre en temps de crise, le petit verre a souvent le goût amer de la bibine…
 
 
 
 
 
 
 
 
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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
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