le 16/03/2009 - JP BOCQUET
Au fil des jours…

 
 

Lundi 16 mars… Un soleil généreux réchauffe mon citronnier abrité dans sa verrière. Les fleurs affluent, odorantes, embaumant ce lieu où Anny s’enivre de cassettes d’espagnol avant notre prochaine escapade à Barcelone. L’O.L. y a subi une déculottée tout comme, hier en Angleterre, notre équipe de Rugby. J’adore le sport mais je n’ai pas l’esprit cocardier au point de pleurer sur ce qui recoupe toujours des histoires de gros sous. Que des supporters innocents et sans doute pas très fortunés puissent indirectement en mourir dans des accidents atroces m’attriste beaucoup plus…
Hier justement, j’arrivais à Lille par le port fluvial. Des myriades de jonquilles épanouissaient leurs corolles et leurs pétales sur les parterres avoisinants. Le soleil avait remplacé les fastes artificiels de la féerie XXL de la veille. Chacun le sait : les jonquilles sont des fleurs fragiles et éphémères et bien souvent elles ne sont déjà plus que le printemps n’est pas encore… Mais là, précisément, la providence des fleurs avait fait que l’éloignement de la fête les avait préservées des piétinements imbéciles…
Ces jonquilles en sursis me renvoyaient à Alain Bashung. Mort lui aussi alors que le printemps n’est pas encore. A-t-il cru qu’il est trop dur de mourir au printemps ? Il s’en est allé, réservé et délicat jusqu’au souffle ultime, retrouver le paradis des poètes où l’attendaient Baudelaire, Brel et Brassens, Gainsbourg et Trénet… J’espère qu’il est parti aux fleurs la paix dans l’âme, mais j’en doute un peu : cet homme si discret, si respectueux des autres, qui a passé toute sa vie à communier dans la joie et dans la peine au sort de l’humanité, mais avec une pudeur et une retenue qui n’avaient d’égale que sa sensibilité, savait bien qu’à chaque nouvelle aurore tout reste à faire…
Il avait choisi d’offrir ses dernières années au quartier de la Goutte d’or, d’y recueillir dans ses créations les misères et les courages humblement déposés au coin des rues depuis des siècles. Il avait choisi d’être ni plus ni moins que chacun d’entre nous, tout simplement notre frère humain.
Et quand il chantait : «  Un jour, je t’aim(e)rai moins… Un jour, je chant(e)rai moins… », il savait bien qu’un jour il ne serait plus.
Mais en ce printemps 2009, il restera de lui des lendemains qui chantent à en faire pâlir d’envie tous les idéologues du grand soir qui tablent sur la désespérance et fourbissent leurs armes mortifères depuis plus d’un siècle.
Tes mots et tes notes sonnaient juste Alain ! Voilà pourquoi la justice résonnait beaucoup mieux dans leur justesse que dans les slogans éculés et pipés des professionnels de la contestation. Ils attendent de nous que nous marchions (et bientôt au pas sans doute). Tu as su nous élever au fil des jours : ce fut sans doute une insaisissable révolution permanente ; mais elle est parmi les plus belles… 
 
 
 
 
 
 
 
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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
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