le 1/05/2009 - JP BOCQUET
Au fil des jours…










Vendredi 1er mai. J’ai le choix ce matin : le choix entre un défilé toujours possible sous un soleil bon enfant, une cérémonie de remise de médailles, de l’argent au grand or,  quelques travaux urgents que le temps sec autorise et l’admiration distanciée du muguet qui arbore ses clochettes dans mon jardin, exact au rendez-vous pour une fois… Un muguet que je soupçonne de parti pris syndical…
J’opte pour la cérémonie car il me plaît d’assister aux remises de médailles quand elles sont signe de reconnaissance publique pour le courage et la vertu de ceux que l’on décore… et c’est bien le cas pour telle ou telle figure amie ennoblie par des années de labeur.
Je me contenterai donc d’aller respirer le parfum « populaire » des clochettes de muguet au moment de l’apéritif. Il est vrai que des cloches de Pâques, nécessairement ailées et souvent en chocolat, aux clochettes du muguet à l’odeur douce et agréable nous dit une vieille édition du Larousse Élémentaire, il n’y a qu’un diminutif et quelques jours, pas symbolique allègrement franchi par un vieux maréchal en quête lui aussi de reconnaissance. Pensait-il ainsi endormir la conscience des Français soumis à l’occupant nazi et aux affres de la guerre, des séparations, des privations, du STO et des rafles ? Voulait-il les inciter à la collaboration en les enivrant d’un parfum reposant ? Collaborer, après tout, n’est-ce pas littéralement travailler de concert ? En leur agitant ces petites clochettes blanches et délicates, ce maréchal rêvait sans doute de défilés enthousiastes où des cohortes de patriotes enrubannés, bras dessus bras dessous, entonneraient en chœur sur les places des bourgades, accompagnés de leur innocente progéniture endimanchée : « Maréchal, nous voilà… » On connaît la suite de l’histoire… N’empêche que quand la duplicité des hommes se double de la duplicité des mots et des symboles, le pire n’est jamais loin !
Famille, Patrie, Travail : valeurs sacrées déshonorées par un maréchal sénile épris de pouvoir qui a cru (c’est la version soft de son attitude) qu’il pourrait adoucir la vie des Français en léchant les bottes du Führer.
Aujourd’hui, les familles se décomposent et se recomposent au gré des vents et des caprices, monoparentales et additionnelles : c’est le grand principe de flexibilité, que les salariés abhorrent au travail mais bricolent quotidiennement chez eux. André Gide ne pourrait plus s’écrier « familles je vous hais », la famille traditionnelle étant désormais un ensemble vide. Fort heureusement, il existe encore des couples qui s’efforcent de vivre un bonheur durable.
Pour la patrie, elle est à ce point galvaudée que ses ersatz empoisonnés dressent des supporters fanatisés, infectent les travées des stades de rixes violentes, entraînent les insultes racistes et les débordements imbéciles. Et c’est sous Mitterrand – époque mille fois bénie de la liberté d’expression proclament ses idolâtres épigones – qu’un admirable livre qui eût pu réconcilier chacun avec l’idée de patrie et cimenter des destinées jusque là soupçonneuses – je veux parler du remarquable recueil de textes commentés sur le concept de patrie de Jean Bastaire – n’a pas trouvé d’éditeur. Il n’en eût pas trouvé davantage en 1943 sous Pétain… C’est que la patrie ce n’est pas ce « package » d’opérette composé de musiques militaires et de cocardes, enrobé de superbe, c’est cette « eau dormante » que l’on retrouve en soi comme l’a si bien dit Malraux… Et le respect de la patrie devient alors respectueux de tous les respects.
Reste le travail. En ce vendredi 1er mai 2009, un peu partout les travailleurs défilent derrière les banderoles syndicales ; les autres aussi, par conviction peut-être, par sympathie ou par solidarité encore, pour faire nombre surtout… Les nostalgiques de mai 68 et certains attentistes escomptent la chienlit et la terre tant promise et tant manquée du pouvoir. Ils pensent que la crise peut s’écrire la prise et s’acharnent à prendre par la démagogie ce qu’ils n’ont pu prendre par les urnes.
Mais il y a aussi la grippe, porcine et mexicaine avant d’être classée A. Les virus peuvent-ils apparaître à l’ombre des carcasses empuanties de porcs qui n’en finissent pas de pourrir et sécher au soleil mexicain comme nous l’affirment les médias ? Comme la crise financière et immobilière, cette crise de santé a aussi éclaté sur le nouveau continent avant de venir titiller la vieille Europe…
12 h 30 : je rentre de la cérémonie de remise de médailles. Au pot de l’amitié qui la suivait, j’ai bu un demi de Beurg, nouvelle bière de garde paraît-il brassée à Bergues… J’ose parier qu’on en servira bientôt dans les snacks de notre cher pourtour méditerranéen pour accompagner la pizza du Ch’ti. C’est encore un coup porté à la vérité culturelle mais, somme toute, cette sympathique relance par la consommation vaut bien les inepties concoctées par les prétendus économistes de certains partis politiques…
Sur ce, pour célébrer comme il se doit la fête du travail, je m’en vais bricoler… 
 
 
 
 
 
 
 
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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
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