Dimanche 5 juillet. Ils sont partis. Qui ? Les coureurs du tour de France pardi ! L’extraterrestre nous est revenu, septuple vainqueur jalousé mais avisé, déjà enterré par les consultants, pour la plupart des ex de la grande boucle qui avaient flirté avec la victoire ou l’avaient emporté par défaut. En somme, un petit cénacle de frustrés envieux qui se fendront quand même de reportages, d’articles, d’exclusivités sur le mal aimé de la presse française, au nom des impératifs commerciaux…
Je laisse à chacun son opinion sur les soupçons de dopage, les histoires de gros sous, etc. ; je constate comme une évidence que s’entraîner 7 heures par jour, à 37 ans, jour après jour, c’est un effort méritoire pour un bipède qui a gagné 7 fois et qui aurait droit au repos 7 fois plus qu’un autre. Masochisme ? Orgueil incommensurable ? Appât du gain ?
D’une certaine façon, une journée de 7 heures ce n’est en rien extraordinaire pour un pro. C’est sa tâche quotidienne ; on devrait en exiger autant de chaque pro, et même beaucoup plus si l’on pense aux salaires exorbitants. Il est juste de mesurer le salaire au poids de sel déposé sur la peau par la sueur…
Quand je repense aux lamineurs, aux dockers, aux ouvriers agricoles, aux mineurs et autres exploités de mon enfance qui se sont épuisés pendant des dizaines d’années pour gagner de quoi nourrir chichement les leurs, aux maladies qui les entamaient avant de les terrasser, je m’étonne encore qu’on ait pu les laisser décrépir dans le désintérêt le plus total.
Aussi bien, la sueur que je me plais à voir perler quand je fais du vélo, la sueur qui me rafraîchit quand j’expose mon corps de Français privilégié au soleil méditerranéen, c’est au sel de leur souffrance que je la dois. Comparé à ce silencieux héritage, le Tour de France et ses fanfares tonitruantes est d’une affolante trivialité…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

La part de sel 5/07/09	Platanes 10/07/09	Ces féroces soldats 14/07/09	Grands retours 22/07/09
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