le 22/07/2009 - JP BOCQUET
Au fil des jours…









Mercredi 22 juillet. Ça y est ! C’est le grand retour ! Du soleil ? Du soleil que les Indiens immergés dans le Gange ont vu disparaître, angoissés ou pleins d’espoir ? Du soleil qui s’est éclipsé six minutes et des poussières pour les Chinois que plus rien n’inquiète depuis la disparition de Mao ? Eh non ! le soleil se lève et se lèvera impavide des ères entières encore alors que les vers qui auront nettoyé nos cadavres auront connu le même sort depuis belle lurette… Il se couche et se couchera d’ailleurs in aeternam tout aussi indifférent à nos mesquineries…
On nous annonce aussi le grand retour de Nicolas Sarkozy sur le Tour. Nul doute qu’il va « congratuler » son ami Lance pour son percutant retour sur ses adversaires qui se partageaient déjà les places dans l’ascension du Petit St-Bernard. Amstrong : 37 ans et toutes ses dents ! Est-ce en vélo comme en politique ? Et l’as du braquet va-t-il nous rejouer à sa manière le coup des européennes ? Réponse d’ici peu…
Une chose est sûre en tout cas : Ségolène est de retour. Elle se fend d’un hypocrite soutien à Martine qui n’a rien d’une tendre complicité ni d’une quelconque solidarité féminine face aux jappements des bassets du PS, friands de mystérieux mollets que la louve exsangue ne découvre guère… C’est le soutien que l’on manifeste aux mourants lorsque les affres de la mort les asphyxient déjà pour mieux les persuader de leur irréversible chute dans le charnier de l’oubli… C’est exactement à l’opposé de l’accompagnement des malades en fin de vie ou même de l’assistance consolatrice du médecin et du prêtre ; c’est le soutien jouissif de qui prospère dans la seule préoccupation et délectation de la disparition des autres…
Au titre des retours, on polémique sur celui de notre Président dans les colonnes du Nouvel Obs. La Gauche s’en offusque paraît-il : serait-elle sectaire jusqu’à la lie ? Je me permets ici d’esquisser une autre alternative : ou bien le Nouvel Obs amorce son grand retour dans la tradition de tolérance qui faisait son succès, ou bien il veut reconquérir un certain lectorat pour des raisons comptables… A chacun de trancher.
On pourrait donc multiplier les grands retours. En fan de Brassens qui gît à Sète et dans mon cœur, en fan  de sa coruscante anarchie humaniste, en fan de sa faconde langagière, de son inventivité verbale, je me prends à rêver en ce 22 juillet du grand retour de la maréchaussée à l’ancienne ; je pourrais alors m’écrier : « 22, v’la les bleus ! » Hélas ! il n’en est rien… Les radars automatiques les ont remplacés depuis longtemps, et les ordinateurs ou la télésurveillance… Au marché de Brive la Gaillarde, on les matraquait jadis à grands coups de mamelles ; aujourd’hui, ils caressent des souris de leurs doigts soignés dans de douillets bureaux…
Restent les aoûtiens et les bouchons : c’est là la chronique annoncée du grand retour annuel, dans la fournaise des péages et la salubrité précaire des aires de repos avant la cascade des accidents de montagne, des baignades fatales et des embardées finales… Autant de disparitions stupides auxquelles il faut préférer les insupportables piqûres d’aoûtats qui nous rappellent que nous sommes bien vivants…
Bien vivants ! Pour combien de temps encore ? La nouvelle hydre de Lerne nous guette, subreptice et assoiffée : je veux parler de la grippe A. Souvenons-nous : on l’avait d’abord diabolisée. C’était une manip printanière pour escamoter la crise, pour alimenter les caisses de l’industrie pharmaceutique, pour désamorcer la contestation sociale, pour ne pas perdre les Européennes. On l’a ensuite enterrée, dans un consensus aveugle ou calculé… Et voilà qu’elle nous fait « coucou », de mort en mort, d’école en colo, de pays en pays, exponentielle comme les vaccins qu’il faudra fabriquer par milliards d’unités si l’on veut la devancer dans les incommensurables lézardes de la vie où elle s’invite…
Je me contrefiche de savoir si les virus sont des organismes vivants ; les scientifiques sont infiniment plus qualifiés que moi pour en traiter. Je sais et je vois qu’ils tuent. Je sais et je vois que la Nature (ni la Nature verte chlorophyllée  d’une écologie bobo ni la Nature des philosophes des Lumières mais la Nature telle qu’elle subsisterait à une déflagration nucléaire planétaire) ne manque pas d’ingéniosité pour avoir le dernier mot. Je sais et je vois que l’Homme n’aura jamais fini de devoir se montrer inventif dans ses réponses aux défis qu’elle lui lance s’il veut espérer perdurer dans le progrès de l’Humanité… et je sais et je vois qu’aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain les réponses ne peuvent qu’être collectives.
Á ceux, à tous ceux qui l’oublient trop facilement, c’est en somme le grand retour de Sisyphe. Un Sisyphe multipolaire, remontant partout sa pierre, patiemment, inlassablement, si possible cohérent et coordonné dans ses mille bras et jambes d’Orient et d’Occident. Fraternel et solidaire en quelque sorte. Une conscience à l’œuvre. Il ne faut pas chercher ailleurs le bonheur d’une tâche à la mesure de l’Homme…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La part de sel 5/07/09
Platanes 10/07/09
Ces féroces soldats 14/07/09
 Grands retours 22/07/09
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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
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