Au fil des jours…
Lundi 6 avril. Á 3 h 22 ce
matin, la terre a tremblé en Italie dans la région des Abruzzes.
Secousses répétées de très grande ampleur et
scientifiquement enregistrées selon l’échelle de Richter.
Derrière ces mesures, aussi froides qu’objectives, comparatives,
et derrière les explications géophysiques du phénomène,
derrière ce soubresaut tellurique prévisible qu’aucun dieu
courroucé n’a déclenché, surgit pourtant le cataclysme,
l’horrible catastrophe, l’hydre assoiffée de ruines et de morts…
L’Aquila : ce nom entre
désormais dans l’interminable litanie de nos calamités. L’Aquila
dévastée, l’Aquila en pleurs, l’Aquila en deuil…
La semaine dernière, la
presse guettait les possibles tremblements du G 20, d’éventuels
et affriolants séismes diplomatiques, de quoi vendre et revendre
ses scies médiatiques. Elle espérait des couacs, remontait
les lignes de fracture entre les uns et les autres, jubilait aux frasques
téléphoniques de Berlusconi au sommet de l’Otan, se gargarisait
hier encore du saccage sauvage par des casseurs encagoulés de quartiers
innocents. Brûler, caillasser, tabasser, détruire… Admirable
preuve de fraternité envers les plus humbles, envers les martyrs
de toutes les guerres, envers les victimes des pogroms et des holocaustes
n’est-ce pas !... Il est des cagoules de sinistre mémoire, blanches
ou noires.
L’Aquila : l’insoutenable cruauté
de l’événement devrait inciter les casseurs à d’autres
combats que la guérilla urbaine, du moins s’ils revendiquent comme
ils le font un monde meilleur et plus solidaire. Les chiens qu’on dresse
pour déceler les cadavres sous les chaos de gravats des décombres
ont davantage de sens moral… Ils semblent connaître, eux, le prix
d’une présence enfouie, d’un souffle de vie qui émane encore,
d’un indécrottable espoir de la lumière, d’un enterré
en attente de résurrection. Et dans trois jours ou plus, grâce
à eux, on remontera encore des enfers des âmes en déshérence.
Dérisoires caillasseurs encagoulés, vous méritez les
fers et la charrette d’infamie ! Lâches et invisibles commanditaires
qui les endoctrinez et instrumentalisez, vous méritez la géhenne
!
L’Aquila : je repense au tremblement
de terre de Lisbonne, à ce point traumatisant pour Voltaire qu’il
renonça pour de bon aux théories simplistes de l’optimisme
métaphysique et qu’il comprit qu’entre l’inaction dans la prière
et la nécrophagie, la seule voie humaine est celle de la solidarité
qui doit inciter chacun à participer à la manœuvre en usant
de toutes ses forces et compétences dans le seul intérêt
général.
Lisbonne et l’Aquila : terres de
détresse et de douleurs, terres d’apparentes dérélictions
et de souffrances… Lisbonne et l’Aquila : soyez aussi, comme tant d’autres
à jamais marquées des cicatrices du malheur, des terres porteuses
de nos espoirs…
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au fil des jours
Jean-Pierre
BOCQUET
Professeur
de Lettres retraité
Conseiller
municipal
13
allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel:
03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96
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