le 22/08/2009 - JP BOCQUET
Au fil des jours…
 
 
 
 
 
 

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  Vendredi 21 août. Qui me connaît bien sait que j’adore les tomates, les citrons et les pommes…
Les tomates rondes, grosses et charnues ; les citrons oblongs à peau épaisse et bien grumeleuse ; les pommes acidulées et juteuses. On ne me vendra jamais de cochonnerie en la matière. Pour les autres fruits et légumes, je reconnais volontiers mon incompétence, plus ou moins relative selon les espèces. J’ai l’œil exercé pour les agrumes, je progresse dans le choix des pêches, brugnons ou nectarines, je reste un ignare rédhibitoire dans le domaine des melons…
  Donc, pour l’un de mes tropismes estivaux – la tomate -, je me fie davantage à mes sens qu’aux panonceaux léchés ou griffonnés des étals des magasins ou des prétendus producteurs qui s’étalent le long des itinéraires à touristes, aux abords des concentrations d’estivants ou nous surprennent dans des recoins plus inattendus, comme si le voisinage de la cambrousse valait garantie de naturel et de qualité.
  Je ne suis donc pas du genre à bêler béatement devant le mot « bio », exhibé partout, claironné comme le chant du coq, psalmodié comme une prière miraculeuse… D’autant plus que mon porte-monnaie en souffrirait infiniment plus que si je me risquais à faire brûler des cierges aux saints intercesseurs pour obtenir quelques vertus  divines supposées roboratives.
  Je doute  fort que l’assomption de Marie y soit pour quelque chose, mais les viatiques « bio » se multiplient depuis le 15 août. Les marchands de fruits et légumes prennent-ils la dernière vague de vacanciers pour une armée de pèlerins ? Tenter de me vendre le kilo de tomates à 2 euros sous prétexte qu’elles sont « bio » alors que j’en trouve de meilleures, mûries au soleil du cru, à 0€70, c’est vraiment l’arnaque de l’été !
  On m’objectera que le « bio » donne moins de rendement ; j’en doute : mon gendre a acheté dix plants de tomates, s’est fabriqué des tuteurs et a laissé pousser au soleil (certes très généreux) en apportant l’eau par un système de goutte à goutte… Résultat : des dizaines de kilos de tomates grosses et charnues à souhait, presque sucrées et gorgées de jus. Voilà ce que j’appelle de la tomate bio et un rendement épatant ! On comprendra aisément que je sois sceptique sur certains bobards dans l’air du temps… et d’autant plus que régulièrement des études scientifiques viennent infirmer celles qui voudraient que les qualités nutritives des produits « bio » soient meilleures.
Je suis pour une agriculture raisonnée et, par souci  d’une existence raisonnable elle aussi, opposé à toutes les formes de pollution ; y compris et surtout celles de l’esprit.
  Au risque de paraître choquant ou cynique, je vous soumets cette interrogation et sa réciproque : quand je serai à l’article de la mort, les asticots me bouderont-ils parce que j’ai usé de sulfamides et autres substances chimiques pour perdurer ? Aurai-je à mon tour la garantie de l’origine « bio » de ces asticots qui me nettoieront de l’intérieur ? Je suis sûr qu’il y a là un marché à exploiter…
  Á l’ère des labels, des certificats, des appellations, je revendique pleinement le label « esprit bio » que j’oppose à « esprit formaté » dont le dernier avatar n’est que la propension à se jeter aveuglement sur le tout « bio » par conditionnement de la pensée. L’  « esprit bio », je le retrouve chez ces Afghans qui sont allés se faire labelliser, certifier, repérer en trempant le doigt dans l’encre indélébile. Ils l’ont fait malgré les menaces et les intimidations. Voilà l’esprit bio, voilà la vraie vie, la vie d’hommes libres ! C’est autre chose que les déambulations complices de consommateurs manipulés dans l’astucieux labyrinthe du commerce conquérant…
               Tentation...
  Sur ce, je pars sacrifier à la cueillette des amandes le long des chemins. J’ai vu leurs coques vertes et duveteuses béant comme le vagin des parturientes, je n’aurai qu’à broyer les noyaux déjà séchés et durcis par le soleil pour en dégager la graine, l’amande proprement dite, amère ou douce… Amère, elle est toxique pour l’homme, et même mortelle à raison de quelques dizaines. Et pourtant, qu’il me serait doux de me régaler d’amandes amères ! Et qui me dit que celles que je jugerai douces ne sont pas à ranger dans la catégorie « amères » ? En vertu de quoi, si j’en consomme et si j’en meurs, cette « mort douce » sera un bel exemple de mort « bio »…
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
13 allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel: 03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96