Au fil des jours…
Variations sur Othmane
(depuis le 26 septembre
2010).
1.
Dessins de sang, desseins de mort,
Polar en noir, polar en Nord,
Cuttérisez, cuttérisons
La loi du crime et sa leçon.
2.
Le tueur au cutter est au coin
du polar,
Pour accomplir, serein, les desseins
de l'auteur,
Et, lançant ses défis
qu'il tapisse de noir,
Il fait couler le sang, sans amour
ni douleur.
3.
Tueur en CDD ou tueur en série
Un travailleur au noir sans grève
ni retraite
S'empare du cutter et des mots
qui s'y prêtent
pour œuvrer sans remords aux obscènes
envies
4.
Sous le signe d'Othmane et Dunkerque
qui tremble
La lame du cutter caresse ses victimes.
La mort a son visage et chacun
lui ressemble.
Au lecteur de percer les arcanes
du crime.
5.
Il frappe et frappe encor(e), le
mystérieux tueur;
Le sang coagulé aux bouquets
qui se fanent
A dessiné la mort, ses attraits,
son horreur;
Et le cutter exquis a le parfum
d'Othmane.
6.
Le psychopathe étrange a
choisi ses victimes,
Touchant incognito d'un cutter
anonyme
La gorge où, modulés,
les mots de la formule
Accompagnent la mort et le sang
qui macule.
7.
Quand vient l'ombre du soir, que
Dunkerque s'endort,
Soudain gicle le sang du cutter
de la mort.
La voix célèbre Othmane
avant le grand silence
Et la scène du crime où
l'enquête commence.
8.
De l'assassin le tour de France
Passe à Dunkerque, et la
souffrance
Du crime atroce où baigne
Othmane
Le rend suspect et le condamne.
9.
Mais notre psychopathe également
se plaît
À saigner sa victime en
plein pays nantais.
Et tandis qu'il s'exerce au sanglant
sacrifice
S'épaissit le mystère
aux yeux de la police.
10.
La lame a sectionné la frêle
carotide
Sous le signe d'Othmane au visage
envoûtant.
Et des longs quais brumeux aux
impasses sordides
L'assassinat soudain nous guette
et nous surprend.
11.
Des lèvres de la plaie où
bée la carotide,
Le sang vient célébrer
l'insolence morbide
Du tueur indolent. Le cadavre livide
Sourit, énigmatique, à
l'enquêteur avide.
12.
La voix chantonne au téléphone
L'antienne fatale et monotone;
Le cutter gliss(e) sur la peau
lisse,
Infime indic(e) pour la police.
13.
Si le cutter s'impose à
l'homme au pélican
C'est qu'il peint, délicat,
l'arabesque baroque
Du macabre ballet des fantasmes
latents
Où s'épuise abusée
la voix qui soliloque.
14.
Tapi dans le bouquin sous le signe
d'Othmane
Le tueur au cutter fait seriner
le chant
À la femme isolée,
le chant qui la condamne.
Venez le démasquer dans
les rayons d'Auchan.
15.
Maniaque impénitent des
meurtres mémorables
Le masque de la mort se rit des
enquêteurs,
Sous le signe d'Othmane il incite
à la peur.
Tout accuse en effet le prétendu
coupable.
16.
La nacre de la peau de la victime
offerte
Reçoit comme un baiser la
fatale incision;
Mène et malmène Othmane
et même déconcerte
Celui qui s'imagine en percer la
raison.
17.
Sur la plage assagie où
la mer en silence
Abandonne au soleil de fins lambeaux
d'écume
Le sable s'insinue dans le grain
du bitume
Et là, dans la villa,un
corps est en souffrance.
18.
De la lune à l'orient la
ronde opalescence
Traque le crime obscur et la lame
impavide
Tandis que les haubans sous la
vague qui danse
Sont les échos brisés
du chant de l'homicide.
19.
Il avance et la suit et s'invite
chez elle
L'enveloppe et l'englue du sang
efflorescent.
La plainte vibre encore élégiaque
et mortelle
Que l'assassin déjà
s'éclipse et redescend.
20.
Qui es-tu toi qui tues, entaillant
au cutter
Le cou soudain tendu sous les sanglants
sévices?
N'es-tu qu'un innocent coupable
de service
À jeter en prison d'un préjugé
vengeur?
21.
La nuit quand le cutter la carotide
tranche,
La victime est soumise et la mort
va s'ensuivre
Attirant l'enquêteur jusqu'au
Salon du Livre
Au cœur de Coudekerque où
le polar se branche.
22.
Rouge encore et marbré de
fleurs d'hémoglobine
Le sombre assassinat appelle son
polar;
Il faut esthétiser les cruelles
combines,
En offrir le bouquet à l'Espac(e)
Jean Vilar.
23.
Arabesque mortelle aimant les gorges
glabres
L'entaille du cutter a des contours
macabres;
Othmane évanescent qui brave
la police
Abuse l'enquêteur en brouillant
les indices.
24.
La mort, toujours la mort, la victime
s'endort
Mais veille le pervers friand d'hémoglobine.
Qui pourra l'arrêter? Décrypter
ses combines?
L'enquêteur est pressé,
mais l'assassin retors.
25.
Le cutter cet objet de nos désirs
emblème
Trace lèvres de sang sur
un corps soudain blême,
Ceint le cou rubescent d'un collier
de globules
Et laisse l'assassin signer à
Majuscule.
26.
Sur le cou virginal de la célibataire
Que déflore un cutter le
sang jaillit soudain,
Tremble encore la lame et crisse
sous la main
Qui signe sa série morbide
et délétère.
27.
Othmane se prévaut du sang
du tatouage,
Du sang du pélican qui nourrit
ses petits
Pour saigner sa victime et s'ouvrir
l'appétit
En soignant le décor d'un
funeste passage.
28.
Qui tue? Qui meurt? Qui traque?
Et qui tisse et retisse
La trame de la scène où
la lame en coulisses
Accomplit sa besogne et signe l'épisode?
C'est l'auteur et ses mots, que
le lecteur décode.
29.
Le lecteur se fourvoie quand la
plume bifurque;
Il croit lire Ottoman mais la voie
n'est pas turque;
Il laisse sa raison que le crime
horripile
Se gorger de suspects.Il joue face
et c'est pile.
30.
Monstre chaud, monstre froid, psychopathe
et lunaire
Le symbolique Othmane au cutter
se repère
Mais disparaît encore et
se perd dans la nuit
Pour pimenter l'histoire et tromper
notre ennui.
31.
Tendres cuttérisées,
ce n'est pas qu'il vous aime
Quand il courbe le bras, vous enlace
et parsème
La mort aux quatre coins. Sous
le signe d'Othmane
Il saigne sciemment la femme, et
la profane.
32.
Le serpent du cutter sournoisement
s'immisce
Pour esquisser, furtif, de la mort
les prémisses.
C'est le signe, et l'insigne assassinat
s'ensuit
Quand la voix clame Othmane au
milieu de la nuit.
33.
C'est au Salon d'Hondschoote à
l'étal de Peeren
Que le Polar en Nord sous le signe
pérenne
D'Othmane au pélican esquisse
ses impasses
Aux entrelacs trompeurs au lecteur
perspicace!
34.
C'est au salon du livre à
l'espace Colas
Qu'un détraqué retors,
agitant sa marotte
Sous le signe d'Othmane, épris
d'assassinats,
Sacrifie au cutter en plein centre
d'Hondschoote.
35.
Orfèvre et ciseleur, le
cutter excorie
D'une lame fidèle étrangère
aux scories
La courbe de la gorge et nourrit
le mystère
Où se leurre aussitôt
le préjugé vulgaire.
36.
Un cutter, un miroir, la voix qui
psalmodie,
C'est là tout l'attirail,
le mode opératoire
Du virtuel tueur qui signe et qui
dédie
Au lecteur médusé
ses sanglantes victoires.
37.
Elle s'appelait Sandrine, elle
n'avait pas trente ans
Quand la marqua le signe et quand
finit son temps.
Cynique et satisfait d'un meurtre
sur la digue
L'assassin la saigna d'une lame
prodigue.
38.
De Dunkerque en Bretagne il brandit
l'oriflamme
Du mâle au pélican
et trucide des femmes.
Qui pourrait l'arrêter? Ils
croient tous le connaître
Sans jamais maîtriser son
dessein ni son être.
39.
De Dunkerque à Gabian battant
son plein, l'enquête
Multiplie les limiers, qu'ils soient
Pibre ou Dubois,
Et pendant ce temps-là,
le tueur en goguette
S'amuse à trucider la donzelle
aux abois.
40.
Un pélican songeur que fige
un tatouage
Perdure au bras pervers qui tranche
incognito
Des cous immaculés; et la
ville aussitôt,
Que la psychose étreint,
a la mort en mariage.
41.
À chacun sa pitance; au
pervers c'est le sang.
Fasciné par la peau féminine
et si tendre
Il s'exerce au cutter et vient
sans plus attendre
Assouvir son désir de tableaux
rubescents.
42.
Dans la nuit qui l'ennuie et rompu
de routine
Le citadin groggy de glauque indifférence
N'entend plus le couplet aux phrases
sibyllines
Claironner du cutter l'infernale
puissance.
43.
Si Dieu se reposant inventa le
dimanche,
Sans sommeil ni repos , l'assassin
se distrait
À dupliquer la mort sous
son signe discret.
Chaque jour que Dieu fait a sa
lame qui tranche.
44.
Le cutter sous la main s'éprend
du geste atroce
Qui transcende le crime au rang
de sacerdoce
Et l'assassin libère au
sacrifice ultime
Le sang si fascinant et ses secrets
intimes.
45.
Les voyous de Rio sur trois pas
de tango
Balafrent joliment pour quelques
bas résille;
Ils vont jusqu'au trépas
pour honorer les filles
Mais notre homme au cutter n'a
pas ce distinguo.
46.
Métallique giron d'une lame
cruelle
Le fourreau du cutter attend la
main d'Othmane;
Il recèle et fourbit nos
folies mythomanes
Et le biseau tranchant a raison
de la belle.
47.
Les Argentins aussi là-bas,
à Buenos-Aires,
Soûlés de Milonga,
jouent parfois du couteau
Tandis que le tueur, sans passion
ni misère,
Se complaît au cutter et
trucide aussitôt.
48.
De la Canche à Bailleul,
l'auteur en transhumance
À grands coups de cutter
va cueillir les lecteurs,
Mais délicat dédie
d'un signe tentateur
Ces chemins incertains où
le crime a licence.
49.
Lové dans un recoin de la
rue des Royaerts,
Le pervers au cutter s'affranchit
du polar;
À Bailleul il voudrait,
nostalgique et félon,
Goûter d'une autre bière
à l'entrée du salon.
50.
Sur le cou frêle et pur et
pourtant trop fertile
Le zancle du cutter accroche et
se faufile;
La victime alanguie a l'étrange
sourire
D'une statue de sel quand, exsangue,
elle expire.
51.
Le polar à Bailleul se lit
en Résonances
Sous la pâte des mots, l'assassin
de papier
Nous poursuit page à page,
étrange ou familier.
À Dubois l'inspecteur de
stopper ses outrances.
52.
Le délit de faciès,
de mise ou d'origine
Est le chemin bourbeux où
l'opinion patauge
Pendant que l'assassin, tel un
porc dans son auge,
Se vautre en ses délits
et nous fait rose mine.
53.
Le sang dix fois versé,
la police impuissante,
Et l'angoisse en écho dans
toutes les soupentes...
Et dire qu'un cutter, banal et
dérisoire,
Devient la trame occulte et la
clé de l'histoire!
54.
L'assassin qui s'ennuie a le choix
de la lune,
Du quartier, de la nuit, du croissant,
de la phase,
S'il veut que du sang neuf éclabousse
la une,
Pétrifiant le lecteur de
sa macabre emphase.
55.
Caparaçon d'horreur et déni
de raison,
La peur a ses garrots, ses carcans
d'évidences;
Si coupable on présume,
on le mure en prison
En laissant le cutter tuer sur
ordonnance.
56.
Quand succombe la gorge au désir
du tranchoir
L'interlope éclairage estompe
l'assassin...
Éphémère vision
du sort qui vient d'échoir
Et que le regard mort recèle
comme un seing.
57.
De rive en rive allant vers l'ultime
dérive
Le labile lecteur voudrait que
Sylvie vive,
C'est alors que sa quête,
en passant par Othmane,
L'oblige à condamner les
préjugés insanes.
58.
Quand le cutter égorge,
il faut mener l'enquête;
Delambre a son suspect à
qui faire sa fête,
Mais Dubois plus futé sait
bien que le coupable
N'est pas souvent celui qu'on voudrait
mettre à table.
59.
Cadavre exquisément et qu'un
élan pubère
Vouait à l'assassin sous
la lame féconde,
Ton étrange sourire esquisse
une Joconde
Aux blêmes coloris de tableau
mortuaire.
60.
À ceux qui croient encore
aux trois soeurs filandières,
Aux Parques bricolant le fil de
notre vie,
Le pervers au cutter apporte un
démenti,
Car c'est lui désormais
qui trame et qui lacère.
61.
Le lecteur indolent que le livre
délivre
Des geôles de l'esprit aux
relents délétères
Secoue ses préjugés
et, s'il entend poursuivre,
À lui de tolérer
de sagaces critères.
62.
Sombre idée de tueur, désir
prophylactique,
En changeant de victime il change
aussi de lame,
Seuls perdurent les mots que chaque
voix déclame.
Sérielle et serinée
est ainsi sa tactique.
63.
La lame du cutter, avide et souveraine,
Sans vergogne taillade, échancre
et vampirise
La femme encore en fleur qui rêvait
d'être reine
Mais qui voit au miroir la sinistre
surprise.
64.
De l'amour à la mort on
connaît le refrain:
La femme est tout amour, le mâle
avec entrain
Copule avec la mort, et s'il devient
tueur
Il se joue de l'amour à
grands coups de cutter
65..
Cutter, couteau, scalpel: ces outils-là
cisèlent.
Le pervers consacrant la lame rétractile
Préfère le cutter
comme lui si ductile
Qu'il saigne en ciselant, esthète
et criminel.
66.
Quand l'ombre de la mort où
le crime a ses fables
Vient tisser le bandeau des fausses
évidences,
Des entrelacs trompeurs esquissent
un coupable
Et tous nos préjugés
nous piègent par avance.
67.
La fille affriolante et cependant
rétive
Inconsciemment se livre aux sournoises
dérives
D'un rutilant cutter dont la lame
indolore
Vient sceller le destin de la pauvre
pécore.
68.
Un pervers, un cutter et plus de
dix victimes
Au royaume des meurtres la psychose
est la reine;
Assassin sibyllin aux cruautés
sereines,
Le coupable est expert en noires
pantomimes.
69.
Cravaté, policé,
affable et même lisse,
L'auteur n'enfanterait que des
fables amènes;
Et pourtant, sous sa plume un pervers
se promène,
Cravaté comme lui, son coupable
complice.
70.
Crotale ou bien cobra, vos mortelles
morsures
N'égaleront jamais l'entaille
sans bavure,
Sans venin, sans crochets, du pervers
anonyme
Qui réclame son lot de sanglantes
victimes.
71.
Funeste ritournelle et refrain
seriné
En guise de prière avant
d'en terminer:
Un secret psychopathe épris
de chants mystiques
A choisi le cutter pour signer
ses distiques.
72.
Pour trousser ses quatrains comme
on trousse les filles,
L'auteur prend son polar, son histoire,
et l'habille
D'un plastron de killer, ceignant
le cou rebelle
Que sa rime contraint au destin
qui l'appelle.
73.
Othmane est au miroir, mirage ostentatoire
De la femme qui cède au
désir qui l'excède
Et le soir assouvit son sinistre
exutoire
Quand la fige la fin du funeste
intermède.
74.
Du vermeil au cireux et du blême
au rosé
Le teint frais qui colore et se
ravive encore
Lentement se défait de l'ancienne
pléthore
Et redevient de terre d'être
cuttérisé.
75.
Quand l'anodin cutter, quand l'objet
ridicule
Accomplit les désirs de
qui le manipule,
D'un placide pervers soucieux de
carotides
Il est à l'occasion l'exécuteur
sordide.
76.
S'il vous prenait bientôt,
en quête de lectures,
L'envie de rencontrer un auteur
innocent,
À Bray-Dunes pour sûr
son polar vous attend:
Dans cette médiathèque
il n'est point de censure.
77.
Ô sombre assassinat qu'une
voix ressuscite!
Tu soumets le cutter au vocable
assassin,
Othmane est à l'index mais
les mots illicites
Ne cessent d'orchestrer l'innommable
dessein.
78.
Quand frappe le tueur, la foule
vengeresse
Réclame son suspect, exige
qu'on l'arrête
Et puisqu'il a le nom, le profil
et la tête,
Voudrait le mettre à mort
pour calmer sa détresse.
79.
Cynique et ténébreux,
humiliant les polices,
L'évanescent tueur cisaille
et se débine.
On arrête un suspect qu'on
juge sur sa mine
Sans stopper le cutter qui signe,
saigne et crisse.
80.
Créant son univers comme
un singe de Dieu
L'auteur a sa truelle, son encre
et ses façons
Pour bâtir ses faquins, pervers
ou polissons,
Qu'il peut saucissonner d'un cutter
malicieux.
81.
Le prolixe polar polit en trois
cents pages
Le profil polymorphe et pervers
aux aguets;
Et des mots alignés lentement
se dégage
Un visage assassin qui n'était
pas suspect
82.
Rime à rime à Noël
les quatrains feront grève,
S'éclipsant en échos
sous le blanc sortilège,
Laissant le psychopathe accrocher
sacrilège
Des lambeaux de laideur aux sapins
de la trêve.
83.
???