le 21/09/2010 - JP BOCQUET
Au fil des jours…











     Mardi 21 septembre. Salut! derniers beaux jours, comme disait Baudelaire. Les fonds de pension sont toujours les bienvenus, car, mieux que l’argent qui n’a pas d’odeur, les actions sont en odeur de sainteté. Quant aux Roms, ils sont priés de déguerpir et d’aller élire galetas ailleurs, bien loin et à jamais, qu’on puisse enfin s’apitoyer sur leur sort sans avoir à vivre ensemble.
Chassés d’une terre d’accueil, il leur reste à mourir dans l’indifférence générale. J’ai rêvé cette nuit du chant du cygne de l’un d’eux. Je vous le livre :
 
 

La route du Rom

Je suis le scrofuleux, je suis la chose immonde ;
On me traque, on me fuit, on m’interdit le monde ;
Et banni de partout j’ai grandi par hasard
Comme un errant galeux nourri de désespoir.

Je suis l’enfant flétri des chemins assassins
Où s’étiola ma mère, où s’alanguit son sein ;
Et quand tombe le jour, que se croisent les ombres,
Je suis l’évanescent des recoins les plus sombres.

Je suis sans le savoir, placardant mon regard
Et mon corps en décor, aux carrefours hagard ;
Sans amour, sans pays, familier des poubelles.
Je vis de détritus, soumis aux salmonelles.

Je suis ce que je suis, l’animal émissaire
Coupable d’exister, d’afficher ma misère
Et d’encombrer hélas la conscience en stand by
De ces ventres repus au confort de canaille.

Je suis romanichel, romani, pauvre rom
Chargé de tous les maux ; je suis pourtant un homme,
Un frère en Jésus Christ si j’en crois les chrétiens ;
Et malgré mon désert, mes désirs sont les tiens.

Je suis l’exclu, le réprouvé, l’indésirable ;
Je n’ai jamais foulé la paille de l’étable,
Illégal décrété par ceux que je dérange,
Et pendu haut et court dans leur sourire étrange.

Ah ! si j’étais yankee, chinois et plein aux as,
Enfant du CAC 40 ou bien d’amours salaces,
J’aurais droit de cité sur la place publique
À côté des nantis aux fortunes obliques.

Mais enfin mon ami, s’il faut que je le dise,
S’il me faut te céder un peu de ma franchise, 
S’il me faut sur la route où s’épuisent mes pas
Le crier aux furieux qui rient de mon trépas,

Nous n’avons qu’une vie et nous mourrons un jour,
Embarqués tôt ou tard sans le moindre recours 
Vers la rive insensible aux nationalités
Et, vers, nous mêlerons nos corps entrelacés.



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pensée de la rue 17/09/10
 La route du Rom 21/09/10
 Variations sur Othmane
26/09/10 au ........
   
 
 
 
 
 
   
 
   

 
 
 

Retour en Page Accueil

Retour au fil des jours


Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
13 allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel: 03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96