Au fil des jours…
Clair de pierres
On peut tailler la pierre, en faire
des chemins,
Et même réfractaire
elle accueille le pain.
Synagogue ou mosquée, cathédrale
ou beffroi,
Parfois elle est calvaire et chaumière
parfois.
Et pierre tu seras pour bâtir
une Église
Où se retrouveront tous
ceux qui fraternisent,
Les pèlerins d’amour aguerris
à la paix,
Tolérants, solidaires, rayonnants
de respect.
Pierre, ô douce pierre, émeraude
à la table
Aux reflets irisés, au paradis
semblable
Quand ta rivière au cou
a des reflets d’aurore,
De rubescents coraux, des éclats
qu’on adore!
Tu es sœur de la femme et symbole
d’alliance,
Réceptacle et coffret des
divines naissances.
Mais l’homme inaccessible aux secrets
lapidaires
Assouvit grâce à toi
ses désirs mortifères.
Cet antique bourreau civil et domestique,
Jaloux de son pouvoir et de ses
lois iniques,
En prison met la pierre et
la femme incarcère,
Des barreaux des devoirs aux cloîtres
séculaires.
Encaparaçonnée, bâillonnée,
asservie,
Promise nuit et jour à l’infernale
envie
D’un tyran phallocrate irascible
et cruel,
Elle est chair violée, avilie
à l’autel.
Si d’aventure un jour, sans même
le vouloir,
Elle esquisse un sourire ou quelque
nonchaloir,
On la tuera ravis, à petits
coups de pierres,
Jusqu’au torse enserrée
dans sa prison de terre.
Il est temps d’abolir ces supplices
barbares
Où des machos en meute,
haineux, narquois, hilares,
S’arrogent dans le sang, de jouissance
avides,
Le regard inhumain de celui qui
lapide.
On n’a rien à gagner à
lapider la femme
À lui jeter la pierre, aussi
lâches qu’infâmes.
Oeil pour œil, dent pour dent,
et souvent davantage
C’est la loi du talion, de la mort,
du carnage.
Laissons fleurir la rose, arrêtons
le massacre.
À la fleur innocente et
que l’amour consacre
Il faut offrir la main mais laisser
le passage.
La liberté de l’Autre a
le goût du partage.