le 07/09/2011 - JP BOCQUET |
Au fil des jours…
Mercredi 7 septembre 2011.
J’ai fait un rêve étrange et pénétrant
cette nuit, mais hélas pour moi, il ne concernait pas une femme…
On a les rêves qu’on peut.
Dieu, qui m’a toujours fort estimé,
m’avait choisi pour être le nouveau Noé, le constructeur de
l’Arche de secours en ces temps annonciateurs du grand déluge économique
et financier.
Plus question de loger un quelconque
représentant des différentes espèces animales dans
mes cabines, mais plutôt des modèles politiques de souci de
l’intérêt général.
Comme je prévoyais une arche
immense, Dieu m’a suggéré de dresser d’abord la liste de
mes hôtes éventuels. L’approche d’une élection prétendument
décisive pour notre pays, les événements internationaux
de l’heure, les urgences écologiques, l’exigence de justice et de
liberté qui se manifeste dans le monde arabe, tout devait m’être
occasion d’observer nos mentors et nos dirigeants, de jauger leur courage
et leurs lâchetés, de peser leur détermination réelle,
d’examiner enfin ce qui les menait réellement…
Et c’est là que le rêve
a viré au cauchemar. Cauchemar du patchwork de la réforme
budgétaire, des coups de ciseaux et remaillages électoralistes,
des stoppages raffarinesques, des poches trouées mais cousues, du
manteau d’Arlequin de la rigueur. La règle d’or en toc ne valait
plus un centime sur les étals des braderies…
Cauchemar de la Libye où
l’aide internationale pour la reconstruction du pays risque fort de n’être
qu’un partage du gâteau pétrolifère dans le plus grand
mépris dissimulé du mieux être des ayants droit.
Cauchemar de la guerre des ego
ou des canots de sauvetage dans tous les camps, des sénatoriales
aux présidentielles, et dans la perspective de la session de rattrapage
des législatives.
Il me fallait pourtant dresser
ma liste des primés. Écartant d’emblée les tyrans
et dictateurs déchus, en fuite ou introuvables, écartant
aussi ce président mexicain qui maintient Florence Cassez dans sa
geôle par lâche opportunisme, écartant bien sûr
le très occidentalisé président syrien qui cultive
avec un rare bonheur les mots oppression et répression, j’ai jeté
mon dévolu sur nos parangons français de démocratie.
Stupeur et tremblement ! Ils sont
six à s’affronter aux primaires du PS, sans oublier le septième
rentré trop tôt d’exil à leur goût, le fameux
tonton Cristobal DSK. Du coup, c’est à celle ou celui qui en fera
le meilleur usage, selon les imprévisibles évolutions de
l’opinion. Chez les écolos, on se boude. Hulot pensait rimer avec
écolos ou Cécile Duflot. Mais la lyre interlope de cet Orphée
s’est brisée au profit des trompettes d’Éva. Du coup, notre
Nicolas dément sa tentation occulte de rimailler avec un autre Nicolas,
en Hulot-Sarko mon coco, ou avec le malin Jean-Louis, en Hulot-Borloo.
Quant à Marine, elle clame à tous vents son coup de foudre
pour notre vertueuse laïcité… On ne saurait trop lui conseiller
la sagace lecture de L’Esprit des Lumières, de Todorov ! Reste Mélenchon,
ce sympathique Jean-Luc aux formules imparables et criantes de vérité,
à ceci près que, s’il les veut trop médiatiques et
trop criantes, il écornera forcément les vérités
qu’il énonce.
Faut-il parler des autres, des
écartés des parrainages par logique démocratique depuis
que VGE a cru que par ce biais il pourrait emmerder ses adversaires et
s’assurer sa réélection… par strict souci de l’intérêt
national et général, bien entendu ?
Finalement, ma liste était
si mince que mon arche est devenue une coquille de noix, piquée
d’une allumette et d’un confetti en guise de voile. Je l’ai larguée
à vau l’eau dans les ruisseaux de mon quartier au premier grain
orageux. Peut-être que Michel Rocard, qui fut un grand navigateur
devant l’Éternel, la sauvera du naufrage qui l’attend (la coquille)
?
Et pourtant, élu de Dieu
ou pas, j’irai accomplir mon devoir de citoyen dans quelques mois, comme
beaucoup d’autres. Car il vaut mieux, n’est-ce pas, une grand-mère
qui oublie de balayer dans les coins – et même anosognosique – que
la fée Carabosse ! Mais il serait pour le moins plaisant à
voir, la crise s’aggravant et la versatile opinion publique s’affolant,
que l’actuel encombrant supplétif de la présidentielle ne
soit appelé à la rescousse, en sauveur, et ne vienne coiffer
sur le poteau nos inconséquents cabris…
Ah ! cette mystique de l’homme
providentiel si chère aux Français et si ancrée dans
leurs tripes qu’elle leur pose moins de problèmes que cette sulfureuse
identité sexuelle qui effraie tant les dames patronnesses…
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au fil des jours
Jean-Pierre
BOCQUET
Professeur
de Lettres retraité
Conseiller
municipal
13
allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel:
03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96
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