le 22/10/2009 - JP BOCQUET
Au fil des jours…












Jeudi 22 octobre. Cela fait plus d’un mois que je n’ai rien noté dans cette rubrique. Les jours ont filé trop vite, bariolés d’activités dérisoires ou importantes, de pluies importunes ou de ciels lumineux, de contraintes ou de négligences.
J’ai collé à l’écume des choses en égrenant le chapelet de mes vanités, endossant les livrées de mes emplois farcesques, me répandant çà et là en jouant à l’élu, au membre d’un jury pour l’élection d’une miss, au militant associatif responsable et zélé philanthrope, au maladroit cueilleur de pommes, etc.
Et pendant ce temps, la bulle médiaticopolitique s’est complu dans le vide infernal de nouvelles polémiques, hydre de Lerne de l’opinion publique lobotomisée. J’ai pensé qu’il fallait traiter tant de vacarme par le silence. 
Mais aujourd’hui 22 octobre, jour anniversaire de la mort de Guy Môquet, je me risque à quelques réflexions. Non point sur la controverse, qu’elle soit pédagogique ou institutionnelle : de toute façon, même fonctionnaire, le Français est frondeur par tradition. Il est cependant des périodes historiques où cet esprit de contradiction et de contestation eût pu se manifester plus rapidement et plus unanimement… Á contester sans péril, on conteste sans gloire. J’observe simplement que compte tenu de la lourdeur des programmes d’histoire de 1ère, il faudrait prolonger les cours jusqu’en août pour étudier la Résistance ou que, quand ladite étude est esquissée en juin, elle est triplement massacrée par la conjonction du temps qui passe, du temps qu’il fait et du temps des examens…
Revenons à Guy Môquet, fusillé à moins de 18 ans. Par rétorsion et pour l’exemple. Par barbarie. Pour intimider. L’Occupant ne s’est guère soucié de son âge ou de son niveau d’études pour le rajouter sur la liste des promus à la fusillade. En sélectionnant des Juifs et des communistes pour « protéger les bons Français » (sic), l’Administration Collabo donnait pourtant déjà un bel exemple de la lâcheté, de la bestialité et de l’ignominie dont est capable notre cerveau reptilien. Comme quoi les tentacules des forces du mal commencent à se dérouler dès que nous cédons aux ténèbres. Le jeune Guy Môquet, lui, a refusé le bandeau au moment de mourir et, dans la lettre déchirante de simplicité, d’amour et d’humanité qu’il a laissée aux siens et à notre conscience, exprimé l’espoir que sa mort serve à quelque chose. Eh oui ! mon cher Arthur (Rimbaud), « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » mais on sait parfois regarder la mort en face, sans peur et sans reproche, digne et responsable.
Guy Môquet avait un idéal : il rêvait d’un monde plus juste et plus fraternel. Il pensait que le communisme pouvait y mener. Qui pourrait le lui reprocher ? Il fut une innocente victime des atermoiements momentanés du PCF et de son alignement sur les décisions de Staline ; il fut une innocente victime de la vindicte des autorités françaises de 39 contre cet alignement ; il fut une innocente victime de l’idéologie nazie. Je souhaite que le souvenir de sa mort soit utile comme catalyseur de notre lucidité et de notre vigilance dans un monde où l’ignorance de la jeunesse nous arrange trop souvent, dans nos amnésies volontaires et nos confortables hypocrisies. Et je m’étonne que ceux qui voudraient zapper la lecture de sa lettre sous prétexte qu’une fois encore on privilégierait l’émotion au détriment de la réflexion (je flaire le mensonge et de mesquins motifs) soient précisément ceux qui jouent quotidiennement sur l’émotif pour de multiples raisons…
J’invite chacun à retirer le bandeau de ses propres complaisances.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Guy Môquet 22/10/09
 Henri Barbusse  23/10/09
 
   
 
 
 
 
 
   
 
   

 
 
 

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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
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