le 07/06/2011 - JP BOCQUET |
Au fil des jours…
Mardi 7 juin 2011. Trois
petits tours et puis s’en va : tel est le sort inexorable de tous ces ambitieux
de pacotille qui rêvent un jour ou l’autre de pallier leur insignifiance
foncière par une carrière politique…
Je conte ici l’histoire de monsieur
D. qui manifestait depuis des années un désir d’avenir… personnel,
parasitant le militantisme sincère et désintéressé
de quelques autres pour s’afficher comme leur cador tout en étant
le sbire servile de ceux dont il se recommandait et qui serinaient aux
naïfs qu’il était le meilleur et qu’il serait le prochain.
À vrai dire, il n’était
rien, une virtualité fanfaronne, une bulle vaniteuse et péremptoire,
une paire de chevilles si sujettes à l’enflure exponentielle qu’elles
le mèneraient à l’impotence. Mais ce Picrochole baveux confondait
la suffisance de son allure avec la pertinence de sa pensée.
Comme il n’était rien mais
se prenait pour tout et rêvait d’honneurs, de places et de prébendes,
il chercha un premier poste. Partout où son parti d’adoption régnait,
d’autres trônaient déjà, accrochés à
leurs mandats – et d’ailleurs souvent efficaces.
Monsieur D. trouva enfin le point
de chute où pouvoir greffer son insignifiance sur un arbre en pleine
expansion. Avec la bénédiction ou le consentement coupable
et tacite de caciques incompétents, il manipula chiffres et listes,
désinforma, incita à la délation mensongère
et parvint enfin à agiter le hochet, agitant aussi la crécelle
ou la marotte du fou quand il accompagnait la reine Pédauque du
coin.
Il lui restait à être
le « candidat » aux municipales… et à ramasser une veste
mémorable dès le premier tour et malgré trois listes
en présence. Malgré sa superbe d’extra-terrestre sur ses
affiches (les électeurs se demandaient en effet d’où venait
celui-là), il cumulait en effet trois défauts rédhibitoires.
C’était à la fois le fantôme des manifestations locales,
le fantoche d’autres fantômes et un mauvais coucheur. L’histoire
ne nous dit pas s’il alla ce soir-là pleurer dans un café,
moulinant les bras de rage et méditant sur la peine de vivre…
D. ne désarma pas pour autant.
Il revendiqua une place d’éligible sur une liste pour les Régionales.
En vain. Il revendiqua la place de candidat de son parti aux dernières
cantonales. En vain. Dépité, D. a pris des vacances et vient
de déchirer sa carte après avoir des mois durant remué
ce que l’on imagine dans le chaudron d’immortalité.
Cette histoire a une morale que
chantonnent à l’envi tous ceux qui l’apprennent : « tout ça
pour ça ».
Tout ça pour ça !
S’asseoir sur la branche en parasite, laisser végéter le
tronc et s’étioler les racines, faire trois petits tours et s’en
aller.
Tout ça pour ça !
On le vérifie hélas trop souvent et à tous les niveaux
en politique. La présidentielle qui s’amorce après la présidence
qui s’achève nous déclinera à coup sûr de nouvelles
variantes de cette farce salace.
Au moment où, à nouveau
et pour quelques mois, les discours vont s’emmancher et la jactance tout
nécroser de sa lèpre, nul doute que les Français vivront
ce que Montesquieu déplorait dans L’Esprit des Lois. «
[…] le peuple, étonné, cherchait la démocratie, et
ne la trouvait nulle part. Enfin, après bien des mouvements, des
chocs et des secousses, il fallut se reposer dans le gouvernement même
qu’on avait proscrit. » Tout ça pour ça ?
Eh oui ! quand le clinquant
du pouvoir prime sur l’intérêt général, la démocratie
est en déroute avec, à terme, le risque que le peuple se
précipite vers les réponses de ses ennemis…
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au fil des jours
Jean-Pierre
BOCQUET
Professeur
de Lettres retraité
Conseiller
municipal
13
allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel:
03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96
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