Au fil des jours…
Jeudi 11 juin. Après l’accès
d’obamamania de samedi et les surprises électorales de dimanche
sur fond de somnolence civique, saint Médard nous a arrosés
d’averses plus copieuses et plus corsées que les programmes électoraux
déjà obsolètes… Nos fins politiques et nos compétents
commentateurs s’empressent de chausser d’autres sabots pour patauger dans
d’autres ornières…
Un sujet autrement plus grave que
les déconvenues de Martine ou de François, la jubilation
de Dany ou de Nicolas, la missive politique en souffrance d’un certain
facteur ou le pied de nez que lui fait Jean-Luc préoccupe et mobilise
les Français, abstentionnistes y compris : maigrir.
A vrai dire, le sujet les préoccupe
depuis des semaines, des mois, des années : antiaméricanistes
et atlantistes se retrouvent sur ce point. Ils ne voudraient pas que l’emprise
du modèle culturel usaïque se réduise à une épidémie
d’obésité galopante.
Maigrir. Alli ? Á l’eau
? Avec le printemps et l’obsession de la silhouette à redessiner,
un produit paraît-il révolutionnaire fait fureur en matière
de pharmacopée contre l’obésité. Sa vertu est double
: il dégonfle les panses trop expansives d’une part, il gonfle et
arrondit à merveilles les profits de l’industrie pharmaceutique
d’autre part. C’est la panacée !
Alli? Á l’eau? Halli! Hallo!
On me pardonnera ces jeux de mots et de sonorités faciles, mais
mon esprit déformé de vieux professeur de rhétorique
me les a immédiatement bavés… Le refrain de sinistre
mémoire me rappelle d’ailleurs qu’il n’y avait pas de gros
dans les camps de concentration. Il n’y avait que l’énormité
de l’abomination nazie pour en infliger le chant aux files hallucinées
de déportés.
Alli… La pilule miraculeuse qui
supplante toutes les amulettes, les régimes délirants, les
neuvaines aux saints idoines, les cierges ou les engins liposuceurs a cependant
un petit inconvénient : elle provoquerait à l’occasion
maux de ventre et diarrhées, forçant ses adeptes à
d’itératives séances de prières et de dévotion
au dieu des latrines… Á tel point qu’il serait dans ce cas superflu
de leur demander : « Comment allez-vous ? », tant les choses
iraient d’elles-mêmes. Un tel effet secondaire eût sans doute
assuré la gloire des charlatans Purgon et Diafoirus auprès
de tous les obèses imaginaires… Alli ? J’en reste baba ! Hum ! J’arrête
là ma logorrhée douteuse…
N’empêche qu’une auditrice
de RTL, interrogée sur le sujet voici quelques jours, déclarait
qu’à condition de s’abstenir de consommer des graisses, on évitait
les désagréments intestinaux. C.Q.F.D. S’abstenir de consommer
des graisses c’est sans doute éviter aussi de grossir.
Où est alors l’utilité d’Alli ?
Et nous voici revenus au problème
comportemental : éducation, environnement, déni de ceci ou
de cela, syndromes psychosomatiques, etc., etc. Et désormais les
opiums commodes des forces surnaturelles, des dieux pervers et des puissances
du mal n’ont plus cours pour nous transformer en victimes de calamités
tombées de l’Olympe. Il n’y a plus que l’angoisse et le désarroi
de l’abandon douloureux à nos propres dérives… Pour l’obésité
comme pour le reste. Chacun d’entre nous est le faux-monnayeur de sa propre
vérité… et chacun d’entre nous court le risque de tomber
sous la coupe des parasites de son mal être. L’obésité
n’est jamais que la partie émergée de l’iceberg…
Alli ? Á l’eau ? Mille fois
non ! De tout, un peu, pour en jouir loyalement, à l’instar de Montaigne,
et jouir loyalement de mon être… De tout, un peu et un peu de vélo,
c’est tout. Voilà pour le corps… Pour le vélo de l’âme,
c’est une autre affaire !
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au fil des jours
Jean-Pierre
BOCQUET
Professeur
de Lettres retraité
Conseiller
municipal
13
allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel:
03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96
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