le 11/06/2009 - JP BOCQUET
Au fil des jours…











Jeudi 11 juin. Après l’accès d’obamamania de samedi et les surprises électorales de dimanche sur fond de somnolence civique, saint Médard nous a arrosés d’averses plus copieuses et plus corsées que les programmes électoraux déjà obsolètes… Nos fins politiques et nos compétents commentateurs s’empressent de chausser d’autres sabots pour patauger dans d’autres ornières…
Un sujet autrement plus grave que les déconvenues de Martine ou de François, la jubilation de Dany ou de Nicolas, la missive politique en souffrance d’un certain facteur ou le pied de nez que lui fait Jean-Luc préoccupe et mobilise les Français, abstentionnistes y compris : maigrir.
A vrai dire, le sujet les préoccupe depuis des semaines, des mois, des années : antiaméricanistes et atlantistes se retrouvent sur ce point. Ils ne voudraient pas que l’emprise du modèle culturel usaïque se réduise à une épidémie d’obésité galopante.
Maigrir. Alli ? Á l’eau ? Avec le printemps et l’obsession de la silhouette à redessiner, un produit paraît-il révolutionnaire fait fureur en matière de pharmacopée contre l’obésité. Sa vertu est double : il dégonfle les panses trop expansives d’une part, il gonfle et arrondit à merveilles les profits de l’industrie pharmaceutique d’autre part. C’est la panacée !
Alli? Á l’eau? Halli! Hallo!  On me pardonnera ces jeux de mots et de sonorités faciles, mais mon esprit déformé de vieux professeur de rhétorique me les a immédiatement bavés… Le refrain  de sinistre mémoire  me rappelle d’ailleurs qu’il n’y avait pas de gros dans les camps de concentration. Il n’y avait que l’énormité de l’abomination nazie pour en infliger le chant aux files hallucinées de déportés.
Alli… La pilule miraculeuse qui supplante toutes les amulettes, les régimes délirants, les neuvaines aux saints idoines, les cierges ou les engins liposuceurs a cependant un petit inconvénient : elle provoquerait à l’occasion  maux de ventre et diarrhées, forçant ses adeptes à d’itératives séances de prières et de dévotion au dieu des latrines… Á tel point qu’il serait dans ce cas superflu de leur demander : « Comment allez-vous ? », tant les choses iraient d’elles-mêmes. Un tel effet secondaire eût sans doute assuré la gloire des charlatans Purgon et Diafoirus auprès de tous les obèses imaginaires… Alli ? J’en reste baba ! Hum ! J’arrête là ma logorrhée douteuse…
N’empêche qu’une auditrice de RTL, interrogée sur le sujet voici quelques jours, déclarait qu’à condition de s’abstenir de consommer des graisses, on évitait les désagréments intestinaux. C.Q.F.D. S’abstenir de consommer des graisses c’est sans doute  éviter aussi  de grossir. Où est alors l’utilité d’Alli ?
Et nous voici revenus au problème comportemental : éducation, environnement, déni de ceci ou de cela, syndromes psychosomatiques, etc., etc. Et désormais les opiums commodes des forces surnaturelles, des dieux pervers et des puissances du mal n’ont plus cours pour nous transformer en victimes de calamités tombées de l’Olympe. Il n’y a plus que l’angoisse et le désarroi de l’abandon douloureux à nos propres dérives… Pour l’obésité comme pour le reste. Chacun d’entre nous est le faux-monnayeur de sa propre vérité… et chacun d’entre nous court le risque de tomber sous la coupe des parasites de son mal être. L’obésité n’est jamais que la partie émergée de l’iceberg…
Alli ? Á l’eau ? Mille fois non ! De tout, un peu, pour en jouir loyalement, à l’instar de Montaigne, et jouir loyalement de mon être… De tout, un peu et un peu de vélo, c’est tout. Voilà pour le corps… Pour le vélo de l’âme, c’est une autre affaire ! 
 
 
 
 
 
 
 
 
Alli 11/06/09
 Futilités, utilité 15/06/09
     
 
 
 
 
 
   
 
   

 
 
 

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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
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