le 30/05/2011 - JP BOCQUET |
Au fil des jours…
Lundi 30 mai 2011. En ces
jours prolixes en débordements masculins en tout genre, j'ai cru
échapper aux évidences qui nous assaillent en me laissant
bercer par celles que Balzac tissait si bien dans sa comédie humaine
d'un autre temps et d'autres moeurs. Après tout, la vérité
littéraire d'un maître incontesté du roman vaut bien
les falsifications fielleuses que nous déversent les logorrhées
claniques de tous bords.
Pour me rasséréner
de tout ce tintouin médiatique, j'avais même opté pour
la "bien née" Eugénie Grandet. C'est du moins le sens et
l'étymologie de ce prénom. L'eugénisme, c'est une
autre affaire. Mais, par un effet boomerang imprévisible, ma lecture
m'a très rapidement renvoyé à l'image victimaire de
la femme. Et, pour ne rien vous cacher, mon ami Honoré n'y allait
pas par quatre chemins. Je le cite: "En se voyant abandonnées, certaines
femmes vont arracher leur amant aux bras d'une rivale, la tuent et s'enfuient
au bout du monde, sur l'échafaud ou dans la tombe. Cela sans doute
est beau; le mobile de ce crime est une sublime passion qui impose à
la Justice humaine. D'autres femmes baissent la tête et souffrent
en silence; elles vont mourantes et résignées, pleurant et
pardonnant, priant et se souvenant jusqu'au dernier soupir. Ceci est de
l'amour, l'amour vrai, l'amour des anges, l'amour fier qui vit de sa douleur
et qui en meurt."
Comme c'est bien écrit!
C'est là qu'on reconnaît la patte de l'écrivain, son
style et la marque de son génie.
Mais que préconise-t-il
au juste? De faire un polar du premier cas de figure? Possible. Sur fond
de crime passionnel et en sophistiquant le mode opératoire, quitte
à saupoudrer de scènes sordides... On voit bien pourtant
qu'il préfère le second cas, celui de la femme éternellement
sacrifiée, sublime par oblation dans le rôle de cocue contente.
Et pendant ce temps, l'égoïste pervers polymorphe du sexe prétendument
fort peut se donner bonne conscience, abandonner tous ses scrupules en
même temps que celle qui n'a plus voix au chapitre.
Cette règle d'or de la déréliction
féminine que formulait Balzac, beaucoup d'hommes rêvent encore
de la voir à l'ordre du jour... et beaucoup de femmes se persuadent
à leur tour hélas que c'est là leur nature. D'autres
s'imaginent qu'elles trouveront le bonheur dans un féminisme échevelé,
véritable pendant du machisme imbécile et violent. Cette
dernière voie n'est jamais que celle de la haine et de l'aigreur.
Je me garderai bien de définir
l'amour. Je ne fais pas ici office de moraliste ni de directeur de conscience.
Je me contente de vivre le mien autant que je le peux. Je voudrais néanmoins
compléter l'analyse de Balzac et ses maximes édifiantes.
Je voudrais pénétrer un instant le coeur de l'homme qui vient
peut-être de préférer l'insouciance des plaisirs sans
contraintes au fidèle respect de l'Autre. Que pense-t-il quand il
s'en va sans même jeter un regard sur celle qu'il abandonne? Que
ressent-il? Je ne veux pas croire qu'il puisse ne rien penser ni ne rien
ressentir, qu'il n'ait même pas conscience de sa lâcheté.
Je crois par contre qu'entre l'homme et la femme, la palme de la constance
dans l'inconstance revient de droit au premier nommé...
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au fil des jours
Jean-Pierre
BOCQUET
Professeur
de Lettres retraité
Conseiller
municipal
13
allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel:
03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96
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