le 23/06/2010 - JP BOCQUET
Au fil des jours…













     Mercredi 23 juin. Depuis trois mois, j’ai laissé filer les jours, le clavier d’ordinateur et ma conscience maladive au chômage.
Des pérégrinations toscanes et catalanes, des travaux manuels d’entretien et de rénovation, le temps comme il va et l’actualité primesautière, tout cela m’a doublement diverti, me détournant du plaisir d’écrire. Les sujets ne manquaient pas mais, si l’esprit a divagué, les doigts n’ont pas pour autant transcrit sur l’écran et la clé les volutes invisibles des pensées.
Aujourd’hui, veille de la Saint-Jean d’été, j’ai rouvert mon parchemin, disert et besogneux, en pétard contre ces indécences qui polluent l’époque… Des indécences sur fond d’imposture permanente…
Sur notre vieille planète, et malgré tant de zélés philanthropes qui trinquent à n’en plus finir au bonheur des autres, la faim, les maladies endémiques, les guerres fratricides, la misère et l’exploitation –sans compter les fanatismes et les réifications triomphantes – sèment la mort et la désespérance…
Indécence des polémiques autour de l’acharnement thérapeutique, de l’euthanasie, des soins palliatifs et des aléas d’une vaccination ou des OGN quand un peu partout en Asie ou en Afrique, dans les favellas d’Amérique du sud, la vie ne s’acharne jamais, la mort est toujours violente, la médecine un mirage et que les anophèles gangrènent nos frères humains dès la naissance…
Indécence de journalistes qui s’épanchent sur les frasques et les empoignades de l’équipe de France de football. Franchement, qu’Anelka insulte Domenech, est-ce que ça change le sort de l’humanité ? Une société où des irresponsables empochent des millions d’euros pour taper dans un ballon pendant que des chercheurs préoccupés de projets salutaires raclent les fonds de tiroirs a de quoi inquiéter.
C’est que nous avons érigé l’indécence en valeur. Quel est au fond notre idéal ? Vivre le plus longtemps possible en en faisant le moins possible, dans l’amusement et l’égoïsme permanent. Les autres indécences ne sont jamais que les miroirs déformés de celle-là, qui est fondamentale. Mais, comme nous y invitaient à réfléchir les stoïciens, quel est l’intérêt de vivre longtemps si ce n’est pour vivre bien, éthiquement et moralement parlant ?
Les stoïciens, monsieur ? Qu’est-ce que ces bêtes-là ? Parlez-nous plutôt de Ribéry, le plus grand philosophe contemporain, le théoricien inégalé de la passe.
Les passes ! Lesquelles ? Celles des hôtels du même nom ? Cessons de plaisanter. Concernant l’affaire à laquelle on pense, je lui accorde la présomption d’innocence et d’indécence jusqu’à preuve du contraire, mais pour le reste, je mettrai mon téléviseur en berne jusqu’à ce que l’équipe de France quitte un pays qui a tant souffert de l’apartheid et qui mériterait que la patrie des Lumières et des droits de l’homme lui offre une autre image de la dignité élémentaire de ses émissaires que celle des indécences où ils barbotent.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Indécences 23/06/10
       
 
 
 
 
 
   
 
   

 
 
 

Retour en Page Accueil

Retour au fil des jours


Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
13 allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel: 03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96