Au fil des jours…
Mercredi
23 juin. Depuis trois mois, j’ai laissé filer les jours, le clavier
d’ordinateur et ma conscience maladive au chômage.
Des pérégrinations
toscanes et catalanes, des travaux manuels d’entretien et de rénovation,
le temps comme il va et l’actualité primesautière, tout cela
m’a doublement diverti, me détournant du plaisir d’écrire.
Les sujets ne manquaient pas mais, si l’esprit a divagué, les doigts
n’ont pas pour autant transcrit sur l’écran et la clé les
volutes invisibles des pensées.
Aujourd’hui, veille de la Saint-Jean
d’été, j’ai rouvert mon parchemin, disert et besogneux, en
pétard contre ces indécences qui polluent l’époque…
Des indécences sur fond d’imposture permanente…
Sur notre vieille planète,
et malgré tant de zélés philanthropes qui trinquent
à n’en plus finir au bonheur des autres, la faim, les maladies endémiques,
les guerres fratricides, la misère et l’exploitation –sans compter
les fanatismes et les réifications triomphantes – sèment
la mort et la désespérance…
Indécence des polémiques
autour de l’acharnement thérapeutique, de l’euthanasie, des soins
palliatifs et des aléas d’une vaccination ou des OGN quand un peu
partout en Asie ou en Afrique, dans les favellas d’Amérique du sud,
la vie ne s’acharne jamais, la mort est toujours violente, la médecine
un mirage et que les anophèles gangrènent nos frères
humains dès la naissance…
Indécence de journalistes
qui s’épanchent sur les frasques et les empoignades de l’équipe
de France de football. Franchement, qu’Anelka insulte Domenech, est-ce
que ça change le sort de l’humanité ? Une société
où des irresponsables empochent des millions d’euros pour taper
dans un ballon pendant que des chercheurs préoccupés de projets
salutaires raclent les fonds de tiroirs a de quoi inquiéter.
C’est que nous avons érigé
l’indécence en valeur. Quel est au fond notre idéal ? Vivre
le plus longtemps possible en en faisant le moins possible, dans l’amusement
et l’égoïsme permanent. Les autres indécences ne sont
jamais que les miroirs déformés de celle-là, qui est
fondamentale. Mais, comme nous y invitaient à réfléchir
les stoïciens, quel est l’intérêt de vivre longtemps
si ce n’est pour vivre bien, éthiquement et moralement parlant ?
Les stoïciens, monsieur ?
Qu’est-ce que ces bêtes-là ? Parlez-nous plutôt de Ribéry,
le plus grand philosophe contemporain, le théoricien inégalé
de la passe.
Les passes ! Lesquelles ? Celles
des hôtels du même nom ? Cessons de plaisanter. Concernant
l’affaire à laquelle on pense, je lui accorde la présomption
d’innocence et d’indécence jusqu’à preuve du contraire, mais
pour le reste, je mettrai mon téléviseur en berne jusqu’à
ce que l’équipe de France quitte un pays qui a tant souffert de
l’apartheid et qui mériterait que la patrie des Lumières
et des droits de l’homme lui offre une autre image de la dignité
élémentaire de ses émissaires que celle des indécences
où ils barbotent.
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au fil des jours
Jean-Pierre
BOCQUET
Professeur
de Lettres retraité
Conseiller
municipal
13
allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel:
03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96
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