le 11/10/2011 - JP BOCQUET |
Au fil des jours…
Mardi 11 octobre 2011.
Curieux Arnaud Montebourg ! Interviewé au 20H de Fr2 hier soir,
ce quadra de fière allure, fourbi d’élégance et d’éloquence,
a utilisé a plusieurs reprises le terme « impétrants
» pour désigner les deux finalistes de ces primaires.
Je doute fort qu’un avocat de son
talent, longtemps exercé à la sémantique et à
ses subtilité léonines, ait employé ce vocable au
hasard, et cela d’autant plus qu’il n’est guère en usage dans le
discours politique contemporain. Je lui sentais même un peu de mépris
voire de morgue pour les qualifiés du premier tour quand il le prononçait.
Se trouvait-il désormais incontournable ? Cédait-il au vertige
de son apparent succès ? Notre ego est toujours à l’affût
des pièges où il pourrait nous enferrer, dissimulant à
la moindre occasion notre chétive constitution batracienne sous
la tentation maladive de l’effet-bœuf.
Arnaud Montebourg – qui, au demeurant,
a toute ma sympathie – aurait-il été piégé
par les arguties arithmétiques de Jean-François Coppé
? Comment peut-on en effet déclarer à trente secondes d’intervalle
que 4% (5% en réalité) du corps électoral qui s’exprime,
c’est dérisoire mais que 17% de ces 4%, c’est important ? Je m’étonne
qu’aucun de ses interlocuteurs du moment n’ait relevé cette contradiction.
Car enfin, si 4% c’est rien, 17% de 4% c’est donc moins que moins que rien
!
Mais revenons à «
impétrants ». Que dit l’étymologie du mot ? qu’il vient
du verbe « impétrer » - ô combien archaïque
mais spécialisé ! – lui-même en filiation du latin
impetrare, arriver à ses fins, obtenir. Décortiquons davantage
! Impetrare se compose du préfixe in- qui marque le mouvement vers,
et de patrare, achever, exécuter, accomplir. C’était à
Rome « prononcer le serment en qualité de pater patratus ».
Et le noyau étymologique de pater patratus vient de pater, patris,
le père, le patricien, le chef [des fétiaux].
Finalement, l’impétrant
c’est celui qui obtient par l’efficace de la requête, de la supplique,
du serment ou de la prière quelque chose qu’il a sollicité
d’une autorité compétente, notamment une charge, un titre
ou un diplôme.
Mais alors, s’il s’agit de serment
(j’exclus la prière, la supplique ou la requête, s’agissant
de politique), serment à qui et à quoi ? Aux orientations
d’Arnaud Montebourg ? Montebourg qui serait la seule autorité compétente
en la matière ? Le seul serment possible ne peut être que
moral et tacite vis-à-vis des citoyens qui se sont exprimés
et s’exprimeront le 16. Sinon, le chantage l’emporterait sur l’invention
démocratique… Et la seule autorité compétente sera
celle des urnes.
Quand aux « fétiaux
», c’était l’ensemble des prêtres et des magistrats
qui, dans la Rome antique, avaient pour fonction de veiller au respect
des traités et du droit international. On voit très bien
ici la tentation « juridique » de ce cher Arnaud. Il nous rappelle
incidemment que, même exclu des qualifications, il n’en reste pas
moins un fétial parmi les autres, c’est-à-dire un membre
du collège qui dicterait la (sa ?) loi aux impétrants.
L’affaire est si sérieuse
que François Fillon s’en est mêlé, mettant en garde
contre les dérives gauchisantes d’une certaine surenchère
de promesses. Que n’est-il allé voter alors pour contribuer à
éviter ce qu’il redoute ? N’importe quel citoyen respectueux des
autres et républicain pouvait se reconnaître dans les valeurs
de la charte à signer.
Restera maintenant au candidat
désigné, puis au Président élu en mai 2012
à rassembler les Français, à fédérer
leurs aspirations et, surtout, essentiellement, à rester fidèle
à son serment dans les 5 années qui suivront.
Et puisqu’on s’est encombré
d’étymologie, faut-il rappeler que le Président de la République
tient sa légitimité du suffrage de tous les Français,
et pas seulement de telle ou telle fraction d’entre eux. La République
est littéralement notre bien commun, elle n’est pas l’apanage de
quelques uns ni le pré carré des combines et des caprices,
encore moins une agence de placement. Beaucoup, beaucoup trop l’oublient
l’élection terminée.
En cet octobre rose, qui est aussi
le mois de la lutte contre le cancer – ne l’oublions pas -, François
Hollande est souvent de bleu vêtu. Simple opération de com
ou instinct de rassemblement de tous les Français chevillé
au corps ? Mon opinion vaut la vôtre à ce sujet, et réciproquement.
Nous en reparlerons quand reviendra le temps des cerises et des merles
moqueurs…
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Jean-Pierre
BOCQUET
Professeur
de Lettres retraité
Conseiller
municipal
13
allée des églantiers 59229 TETEGHEM
jpbocquet@aliceadsl.fr
Tel:
03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96
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