Du 6/11/2011 au ...... - JP BOCQUET
Au fil des jours…
 
 

1.
Quand février viendra, juste avant le carême,
Sur l'autel et l'étal des carnes qu'on encense
Sur les fonts baptismaux, bravant les anathèmes,
Un thriller j'offrirai, d'angoisse et d'indécence.

2.
À l'angle des labours, d'un stylet vermillon
Dans l'écrin du Royaert j'ai gravé mon thriller
Et non loin des Royaerts, rouges rhétoriqueurs,
J'ai parfumé de crime le soc et le sillon.

3.
Sur la digue à Malo notre assassin stratège
Arbore innocemment son profil anodin
Et se fige en miroir des madones qu’il piège
Les berçant de désirs jusqu’au moment soudain.

4.
Des fous emportements qui chantent ses victimes
Mon esthète assassin m’a susurré les rimes,
C’est lui qui, souverain, célébrant chaque crime
Burine ce thriller où ma plume s’arrime.

5.
Ce quatrain quotidien qui ne nourrit personne
Est comme un coup de com, une chorégraphie,
Comme un progestatif qu’aux lecteurs je confie
Pour fêter le thriller que Ravet nous bichonne.

6.
Des mots enchevêtrés essartant ma mémoire,
J’ai fleuri la ramure et les arborescences
Du crime en frondaisons, de l’ADN notoire
Qui tissent mon thriller promis à la naissance.

8. 
Commissaire atavique aux tendres commissures
C’est à la fin des mots que le sens apparaît
Que le mal ou le bien se dessinent d’un trait
Et qu’un air de thriller commet ses forfaitures.
 

9.
Comme vous, comme moi, le tueur que j’enfante
Ne se connaît vraiment que dans ses obsessions ;
Et même s’il occit la reine ou bien l’infante,
Il lui faut avant tout le faire à sa façon.

10.
J’ai commencé la phrase, j’ai marmonné le mot
D’où surgit le pervers du crâne d’un marmot
Naguère si câlin et même si aimable…
Mais l’enfer est toujours au centre de la fable.

11.
Ô jours écervelés, semaine de délire
 Où dieu forgea le monde et tout le saint frusquin !
Est-ce Dieu qui pourtant nous forgea l’assassin
Et l’homme si pervers ? Aux lecteurs de le dire.

12.
Si ma douce Florence, au Royaert héroïne,
Était un talisman, un brin de marjolaine,
Pour arracher Florence aux geôles mexicaines,
Aux geôliers j’offrirais mon thriller en sourdine.

13.
Au fond du labyrinthe où gît ce que nous sommes,
Le monstre abasourdi de nos songes malsains,
Je suis allé fouiller l’ambivalent syndrome
Qui nourrit le polar : le crime et l’argousin.

14.
Prenez un Tartempion pétri d’insignifiance
Mettez à mijoter l’avorton prédateur
Sa panse farcissez d’un tropisme de transe
Voilà de quoi servir des tranches de thriller.

15.
L’aliboron Delambre en son commissariat
Sous le poids des arias se cabre et se démène.
Pour cet âne qui brait, j’ai commis les arias
Du macabre opéra d’un assassin amène.

16.
Émule de Tintin, et d’un flair de Milou,
L’astucieux Dubois dans l’enquête s’immisce ;
Pour coincer le coupable il agit en coulisse
Et tend les traquenards où s’enferre le loup.
 

17.
Un thriller pimenté a tout d’une entrecôte
Que le lecteur dévore, et son œil insatiable
D’intrigue et d’enquêteur, de coupable à la table,
Se repaît du suspens que cuisine son hôte.

18.
Effeuillant du thriller chaque page gravide,
Le lecteur à l’affût s’absout de sa méprise,
Car le vrai prédateur, autant qu’on se le dise,
Plus que le psychopathe est le lecteur avide.

19.
Un vieil air de Souchon comme une cavatine
Se fredonne à Malo, à Bray-Dunes s’envole…
Mieux vaudrait ce refrain aux lèvres assassines
De mon serial killer que pieuses fariboles.

20.
A Hegel, qui affirmait que le mal est autant dans notre regard que dans le monde alentour.

Hegel, si tu voyais les carnations exquises
Qu’écorche mon killer, bariolant à sa guise
Ses macabres tableaux, tu t’enfuirais hagard,
Philosophe effaré, maudissant ce regard.

21.
Secret cérémoniaire à l’antre des encens,
Le manque a façonné, fossilisé ton rêve.
Le sexe en déshérence et l’obsession sans trêve
Frelatent ta prière en sacrifiant le sang.

22.
L’on dit le chat cruel, satanique on le nomme,
On le pressent pressé de fossoyer les tombes ;
Mais ce sphinx cauteleux habile en hécatombes
N’a rien de ce killer qui sommeille en tout homme.
23.
Sous l’esquif du récit qui vogue à l’aventure
Promis aux vents mauvais et loin de ses amarres
Le maelström prend au mot l’écrivain qui le narre
Creusant le flot malsain où l’assassin perdure.
24.
Au festin du thriller, les mots en ribambelle
Ripaillent en riant, convives de luxure,
D’angoisse coruscante et de cuissots de belles…
Et se goinfrent les mots sans souci de censure.
25.
Sourcilleux zélateur du temps de l’Ecclésiaste,
Mon pervers scrupuleux un temps pour tout proclame
Et s’arroge en chantant un temps pour chaque femme
Qu’il consacre à la mort sous le ciel enthousiaste.
26.
Le crâne est un sépulcre où lentement pourrissent
Des bonheurs entrevus les rameaux, les esquisses ;
La sanieuse obsession de partout le lézarde,
Figurant au pervers la royale camarde.
27.
Sur l’étal du pervers fleurissent à foison
L’article de la mort et ses sombres poisons ;
Et ce bel éventaire a ses exhalaisons
De couronne macabre aux sinistres raisons.
28.
La cruauté, l’inceste et l’ignoble cortège
D’orgie et de noirceur, d’antiques bacchanales
Ne sont que faible écho, prélude au florilège
Qu’un tueur déjanté promet à nos annales.
29.
Comme un os à ronger, ce quatrain que je lance
Aux limiers du matin cèle encore un indice
Et sa moelle a de quoi, criminelle substance,
Alimenter l’enquête aux errances propice.
30.
(S’il lisait ce quatrain, il se reconnaîtrait)
Usant du mot qui sied et du pervers idoine
De Maître Capello mon thriller s’autorise ;
Les coups de l’assassin que le style dédouane
Valent mieux qu’au jaloux son insigne bêtise.
31.
Sans les tas de raison de la raison d’état,
C’est l’unique raison d’arraisonner l’inique
Qui fait débat de mort de l’amour sans ébats.
Le cynique assassin, c’est l’assassin scénique.
32.
Si le préfet des mœurs croisait mon assassin
Il tresserait couronne au roi des apparences,
Accordant son blanc-seing aux silencieux desseins
Du Tartuffe affairé à tuer en silence.
33.
Le lecteur omniscient de mon thriller atroce
Sait tout de mes ressorts mais n’en maîtrise aucun.
À moi de décider le train de ce carrosse
Où l’amour et la mort enlacés ne font qu’un.
34.
Quand le divin marquis derrière ses barreaux
Rêvassait comme un moine aux sadiques sévices,
Il songeait qu’un tueur aux plaisirs subreptices,
Pétri de componction, s’en ferait le héraut.
35.
Tout est drogue aujourd’hui, addiction tyrannique .
L’invisible chimie imprime ses fantasmes.
Le tueur asservi régenté par ses spasmes
Est l’acolyte hélas de la mort qui le nique.
36.
Simiesque façonnier qui croit que Dieu l'imite,
Mon pervers s'autorise à franchir les limites
Du mot blasphématoire et des jeux illicites ;
Et croyant ce qu'il singe, il feint ce qu'il récite.
37.



 
 
 
 
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Jean-Pierre BOCQUET
Professeur de Lettres retraité
Conseiller municipal
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Tel: 03 28 26 17 23 - Portable : 06 22 15 88 96