Dimanche 1er novembre. Cimetières en fleurs et sacré coup de hausse du prix des chrysanthèmes. En temps de crise, on a les élévations qu’on peut. L’été a été beau et sec, le début d’automne doux et souriant malgré quelques draches mémorables, le prix du litre de gasoil ne flambe plus à la pompe… et seule la taxe carbone vient polluer les esprits. Les consommateurs, priés de débourser par amour et sens du devoir envers leurs chers disparus, n’ont guère le choix. Et d’ailleurs, le pot de pomponnettes qui agrémentera la stèle jusqu’aux irrémissibles dégâts des frimas et tempêtes – caprices parfois si précoces qu’on les croirait chevillés à quelque génie malfaisant – coûte moins cher que l’enfer à petit feu du paquet de cigarettes.
Enfin ! aucun parti ni syndicat n’a organisé de manifestation ni de défilé, ne fait signer de pétition pour protester contre l’augmentation de 20% du prix des chrysanthèmes. Ce n’est certes pas un produit de première nécessité ; c’est pourtant un incontournable…
Dans un monde où les hommes parlent encore trop souvent avec des armes, les cimetières restent bien les seuls endroits où l’on peut le dire avec des fleurs. Pour combien de temps encore ? Á voir l’incommensurable bêtise d’ataviques crétins qui profanent les sépultures pendant que ceux qui les excitent et les manipulent se curent délicatement leurs mains immaculées, on finirait par conclure que là aussi seul le pire est certain.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Chrysanthèmes 01/11/09	Guerre et paix 11/11/09